Hypnose et mentalisme : quel rapport ?
La série TV américaine « Le Mentaliste » a popularisé l’utilisation des techniques de base de l’hypnothérapie et de la PNL comme outils d’investigation policière. C’est une fiction, bien sûr. Alors, où s’arrête la fiction et où commence la réalité ?
Actuellement, Bastien DiFrance, ancien élève de l’IFHE, fait la une des journaux populaires pour sa participation à l’émission « Secret Story ». La production a décidé de le présenter comme « mentaliste », mais Bastien est également connu pour être un jeune et talentueux hypnothérapeute.
Alors : qu’est-ce que le « mentalisme » ? Et quel rapport avec l’Hypnose ?
EN RESUME
Le mentalisme désigne couramment un courant de l’illusionisme
(la magie de spectacle).
L’hypnose est une pratique thérapeutique qui nécessite
le développement de grandes capacités d’observation et une très bonne connaissance
de la psychologie humaine et du langage non-verbal.
Le mentalisme utilise « des trucs » pour divertir un public.
L’hypnose utilise des principes naturels pour aider des personnes en difficulté.
Le mentalisme est l’imitation de phénomènes normaux ou paranormaux,
à visée de divertissement, par des professionnels du spectacle.
L’hypnotiseur ne fixe pas les gens dans les yeux en leur donnant des ordres !
Cela, c’est du spectacle, pas de l’hypnose au sens thérapeutique.
L’hypnose a donné naissance à la PNL et aux approches
de communication d’influence (en thérapie brève, publicité, politique, etc.).
Le professionnel du langage non-verbal, de la psychologie, de l’observation
et des techniques d’influence (positive) se nomme : « hypnothérapeute ».
Un « mentaliste », au sens habituel, est un artiste du spectacle.
C’est la série télévisée « Le Mentaliste » qui a mélangé
les deux approches (truquée et sans truc), créant la confusion.
Il existe plusieurs définitions au terme « mentalisme »
Afin de bien comprendre le rapport entre l’hypnose et le mentalisme, il faut savoir en quoi consistent les deux approches…
Comme vous pourrez le vérifier dans le dictionnaire (ou sur Wikipédia), le terme « mentalisme » désigne au moins deux choses différentes :
1/ c’est un courant peu connu et peu pratiqué de la psychologie, auquel a participé en son temps Alfred Binet, psychologue et pédagogue français, cofondateur en 1905 des premiers tests de QI (Quotient Intellectuel) et directeur du Laboratoire de psychologie de la Sorbonne. Ce courant intellectuel prônait une approche plus « intérieure » de la psychologie, en réponse au courant matérialiste des psychologues de l’époque.
2/ c’est un courant de l’illusionnisme (magie de spectacle) cherchant à divertir par l’imitation de phénomènes paranormaux ou naturels (intuition, psychokinésie, télépathie, clairvoyance, etc.). Aujourd’hui, cette définition est la plus couramment utilisée quand on parle de « mentalisme ». Voyez le succès qu’à eu le magicien canadien Gary Kurtz lors de sa venue en France (avec passage télévisés, etc.) !
Selon Wikipédia, toujours : le mentalisme est traditionnellement un art de la scène. Il peut également être présenté en petit comité, à proximité des spectateurs. Bien que le titre le suggère, le mentalisme n’est pas à proprement parler de la prestidigitation puisqu’il n’a pas pour objet ni pour méthode privilégiée la dextérité manuelle. Le mentalisme s’apparente donc davantage à la catégorie plus générale de l’illusionnisme. Il lui emprunte certaines de ses méthodes.
Selon Gérard Majax, cette « branche de l’illusionnisme joue sur la convention théâtrale du paranormal ».
A titre d’information, on notera que, dans les pays anglophones, le « mentalism » (sans « e » en anglais), en plus des définitions ci-dessus, est également décrit comme « Parapsychological activities, such as telepathy and mind reading« . Les mentalistes, selon cette définition, mélangent les techniques rationnelles de la thérapie (hypnose, PNL, Analyse Transactionnelle et autres thérapies brèves) à d’autres procédés psychiques dits « paranormaux », ceci à visée de consultations ou de conseils à la personne.
Le métier de « mentaliste » n’existe pas dans le dictionnaire !
Première évidence : le métier de « mentaliste », au sens de l’exercice de capacités exceptionnelles d’observation, de compréhension psychologique et d’action d’influence subliminale sur la personne, dans un domaine autre que celui de la thérapie, n’existe pas dans le dictionnaire ! C’est une invention de la série télévisée « Le Mentaliste« , qui nous montre les phénomènes des mentalistes de spectacle, comme s’ils existaient dans la vie de tous les jours (comme s’il n’y avait pas de « truc »)… Alors, à moins d’avoir les capacités ou les dons d’un voyant ou d’un médium, on comprend bien que tout cela est parfaitement irréaliste, impossible.
La série met en action un héros imaginaire, Patrick Jane, « doué de facultés d’observation et de déduction exceptionnelles, Patrick Jane a d’abord utilisé ses dons à des fins personnelles, se faisant passer pour un médium dans une émission de télévision à des fins vénales » (source TF1). Dans la série, Patrick Jane en vient à mettre ses capacités au services d’enquêtes policières… Donc, comme on le voit, aucun rapport avec la psychologie des thérapeutes ou avec le monde du spectacle, ni même l’exercice de quelconques capacités paranormales. Patrick Jane est décrit comme une personne ordinaire, simplement « douée de facultés d’observation et de déduction exceptionnelles« .
Aujourd’hui, les « mentalistes » sont donc pratiquement tous des gens du spectacle : des artistes utilisant des astuces de magicien pour faire croire (à visée de divertissement) à l’existence de super-pouvoirs. « Le mentaliste », celui de la série télévisée, n’existe pas dans la réalité. Les professionnels les plus ressemblants seraient les « profilers« , ces policiers-psychologues qui se fondent dans l’esprit du criminel pour mieux le retrouver… mais là, nous sommes dans le domaine de la psychologie et de l’hypnose, dont nous parlerons au prochain paragraphe.
Pour vous aider à comprendre ce qu’est le mentalisme : apprenez vous-même à lire dans les pensées d’une autre personne ! Faites-lui choisir une page d’un livre (lui-même choisi par la personne). Demandez-lui de mémoriser, par exemple, la première ligne de la page qu’elle a devant les yeux… Concentrez-vous et… lisez dans les pensées de la personne la ligne du texte en question ! Impossible ? Mais si, puisqu’il y a un truc (il y a même de très nombreuses manières de réaliser ce tour de magie) : apprenez ce tour ici.
Entraînez-vous bien avant de réaliser ce tour de « magie mentale » car, comme souvent en magie, l’astuce est simple. C’est votre présentation qui rendra l’effet crédible, en éloignant la personne de l’astuce réellement utilisée.
Sous cette forme ludique, le mentalisme est un loisir pour beaucoup de personnes dans le monde, tout comme la prestidigitation (tours avec des cartes, des pièces, etc.). De nombreux sites internet regroupent les fans de ce loisir agréable et distrayant (par exemple : Virtual Magie).
Attention : alors qu’il existe des milliers de magiciens et d’artistes qui pratiquent le mentalisme (« avec un truc ») à visée de divertissement pour leur public, certains se servent des techniques du mentalisme pour exercer en thérapie ou coaching, y compris auprès d’entreprises. Comprenez bien : un artiste ne dira jamais qu’il utilise une « technique » (du moins, pas avant son spectacle), il prétendra avoir un don – ce qui est tout à fait normal dans le contexte du spectacle, où l’on cherche à divertir un public, mais ce qui ne le serait pas du tout hors de ce contexte précis !
Si le magicien prévenait ses spectateurs : « attention, il y a un truc », il n’y aurait plus de magie ! De même, on profite d’un film de science-fiction en oubliant que tout a été réalisé grâce à des trucages cinématographiques. On aime croire à ce que l’on voit, pour passer un bon moment. C’est normal.
Gardez donc en tête que le mentalisme est un divertissement et qu’il y a donc forcément toujours « un truc ».
Maintenant,un mentaliste (« avec un truc ») qui pratiquerait le coaching ou à la thérapie en laissant croire à la réalité d’un don, tout en sachant pertinemment qu’il utilise « un truc », serait des plus malhonnêtes !… Dans le même ordre d’idée, il serait tout aussi malhonnête de promettre à quelqu’un de lui apprendre à réaliser un des « miracles » du mentalisme (« avec un truc »), sans révéler réellement « le truc » mais en présentant une quelconque explication bidon à base de psychologie !… D’un côté, un magicien ne peut déontologiquement pas dévoiler ses trucs, de l’autre comment apprendre l’impossible aux gens sans leur dévoiler l’astuce ?… Mais nous nous éloignons de notre sujet.
En « hypnose », on joue avec des principes naturels
Vous avez sur ce site tout ce qu’il faut pour comprendre ce qu’est l’hypnose : son histoire, ses définitions, sa pratique. Vous avez même de nombreux articles à lire, ainsi que des séances d’hypnose à télécharger gratuitement en MP3, si vous le désirez.
Voyons donc ce que fait concrètement un praticien de l’hypnose : l’hypnothérapeute aide des personnes en difficulté à aller mieux. Il n’utilise aucun médicament, seulement la parole et son observation précise des réactions de la personne. A aucun moment un hypnothérapeute ne se comporte comme on le voit chez les hypnotiseurs de spectacle. Il n’y a pas d’ordres donnés, on ne regarde pas la personne fixement dans les yeux, etc. La rencontre est agréable et conviviale. Elle prend souvent la forme d’une simple discussion.
L’hypnose thérapeutique traite ce que l’on appelle l’Inconscient, la facette cachée, profonde, de notre esprit. L’Inconscient étant, par définition, « non conscient » (on ne sait pas ce qu’il pense ou fait), la personne ne peut pas savoir ce qui se passe dans son Inconscient. Mais, du coup, le thérapeute non plus !… C’est pour cela que l’hypnothérapeute doit développer une grande capacité d’observation de ses patients.
Ensuite, l’observation faite, il faut bien « faire quelque chose » pour aider la personne à aller mieux… C’est là qu’interviennent les suggestions : des façons très particulières de parler qui vont avoir une influence positive sur la personne. L’objectif est que la personne aille mieux (thérapie) ou atteigne ses objectifs (coaching).
Donc, l’hypnothérapeute sait utiliser les principes psychologiques qu’il découvre chez ses patients pour les « pousser » vers la guérison ou le changement – selon leur volonté (la demande vient toujours, à la base, du patient). On ne pourrait pas faire faire à la personne quelque chose qui lui déplaît (son Inconscient, c’est aussi « elle » : donc, si la suggestion ne lui plait pas, consciemment ou inconsciemment, la personne ne l’acceptera pas).
En réalité, c’est beaucoup plus compliqué que cela, puisque l’hypnothérapeute doit réussir à mobiliser les ressources inconscientes de la personne. Il doit aussi bien connaître le fonctionnement des troubles psychologiques, etc. Tout ceci afin de travailler sur les causes profondes des problèmes et maladies. L’hypnothérapie est un métier qui ne s’improvise pas.
On aura compris qu’en hypnose, on joue avec des principes naturels et qu’aucun « truc » (au sens des tours de magie) n’est utilisé. Pour autant, l’hypnothérapeute n’a aucun don particulier, puisqu’il a appris tout ce qu’il sait. Il n’est ni voyant, ni médium, ni rien de tout ça. Il y a donc beaucoup de choses (spectaculaires, au sens de ce que l’on voit chez les artistes) qu’il ne peut pas faire – et c’est normal !
Pour vous aider à comprendre ce qu’est l’hypnose : apprenez vous-même à vivre, penser et ressentir comme une autre personne ! Un des premiers principes que l’on apprend en formation professionnelle à l’hypnose thérapeutique est de se mettre en « synchronisation » avec la personne : penser comme elle, bouger comme elle, respirer comme elle, avoir la même humeur du moment, les mêmes idées sur la vie, etc. Bref, tout un tas de choses subtiles qui vont permettre à l’hypnothérapeute de penser et quasiment ressentir les choses comme la personne. Le résultat de cette pratique de synchronisation est une très forte intuition : l’hypnothérapeute arrive souvent à prononcer des phrases qui étaient dans l’esprit de la personne !
Un des premiers exercice, en formation professionnelle à l’hypnose (toute première matinée de formation !), consiste à pousser la personne à penser à un mot que l’on a nous-même choisi par avance (il est d’ailleurs noté sur un papier, que la personne détient). Seulement avec des mots et la synchronisation (le contact « d’Inconscient à Inconscient » de Sigmund Freud), la personne en face se met à penser, involontairement, à l’objet noté sur le papier qu’elle tient en main… L’objectif est, plus tard, de pouvoir donner à l’Inconscient de nos patients les instructions nécessaires à leur guérison.
Le lendemain matin, après une journée d’exercice, les élèves en formation à l’hypnose vont déjà un peu plus loin, car c’est eux qui parviennent à nommer (jusqu’à 3 ou 4 fois de suite, pour certains !) une couleur que la personne en face pense seulement… Cela impressionne tout le monde, car peu se croyaient capables de tels prodiges, seulement 24h avant… Objectif de cet exercice : faire en sorte que l’hypnothérapeute trouve toujours « les bons mots » pour la personne.
Il n’y a pas de « truc », seulement de l’intuition (obtenue par la pratique de la synchronisation, telle que décrite juste au-dessus). Et ce n’est que le début de la formation !
Vous voyez que cela n’est pas magique et ne nécessite aucun don particulier ! Cela vous est très probablement déjà arrivé avec vos ami/es ou votre amoureu/se : vous marchez sans le savoir au même rythme dans la rue, vous levez votre verre tous les deux au même moment au restaurant, vous prononcez sans le vouloir les mêmes mots au même moment… et vous avez parfois cette impression de savoir ce que ressent l’autre. C’est cela, l’intuition. Ce n’est pas « de la télépathie » : on ne se parle pas dans la tête, comme au téléphone, mais on se met à se comporter involontairement comme il le faut, avec l’autre, et quand il le faut.
L’intuition permet aux thérapeutes d’être de bons thérapeutes et de pouvoir réellement aider leurs patients. Et même si cela paraît « magique », ce n’est que naturel !
Quel rapport entre hypnose et mentalisme ?
Nous avons vu que les gens qu’on appelle couramment « mentalistes » sont des magiciens de spectacle. Ils imitent les magiciens de la thérapie : Milton Erickson, le psychiatre américain qui a donné son nom à l’Hypnose Ericksonienne, était surnommé « Wizard », le magicien, en raison de ses résultats thérapeutiques hors du commun !
Milton Erickson a été le principal modèle à l’origine de la PNL (histoire de la PNL, ici), une technique que les mentalistes de spectacle, comme le canadien Gary Kurtz, déjà cité, ou l’anglais Derren Brown utilisent avec l’hypnose, en plus de leurs « trucs » de magiciens : ils l’expliquent très clairement et sans aucune ambiguïté dans leurs ouvrages didactiques (réservés aux magiciens professionnels). Même les mentalistes « à l’américaine », qui prétendent utiliser de « vrais dons » (type voyance), expliquent qu’ils se basent sur l’hypnose et la PNL. A l’IFHE, nous formons d’ailleurs toute l’année des magiciens professionnels, dans les mêmes cours que les futurs hypnothérapeutes professionnels (pour des exemples d’utilisation de la PNL en magie, voyez le livre « PNL et Magie » du magicien et mentaliste Benoît Campana).
Donc, l’hypnose est utile aux artistes mentalistes et aux mentalistes « naturels » (si on croit à cette possibilité) mais, a contrario, le mentalisme est parfaitement inutile en thérapie.
Les techniques d’observation, d’intuition et de langage sont précieuses à l’artiste, pour réaliser des effets magiques hors du commun, impossibles par de simples techniques mécaniques (« trucs » ordinaires de magiciens). Par ailleurs, l’usage de « truc » garanti à l’artiste de pouvoir réaliser son spectacle, ce qui est normal et professionnel. Mais il serait fort malvenu à un thérapeute d’impressionner son patient avec de supposés « super-pouvoirs », obtenus par des astuces cachées.
De plus, autant l’hypnothérapeute parviendra à découvrir certaines vérités cachées sur la personne, pour mieux l’aider (grâce à l’intuition à laquelle on s’exerce en formation d’hypnose) – autant le mentaliste aura forcément besoin de les découvrir « normalement » par avance, afin de faire croire plus tard à la personne qu’il les a « ressenties » par clairvoyance ou (pseudo)intuition. Le public ne voyant que le moment de la révélation en déduira logiquement que l’artiste est doué de capacités psychiques « non-ordinaires ». En spectacle, c’est formidable. En thérapie, ce serait de l’escroquerie.
Restons donc plutôt sur l’ancienne définition du terme « mentalisme », à savoir, en 1901 : un courant de pensé opposé (en psychologie) au « matérialisme » qui utilise l’introspection comme principale technique thérapeutique. On se rend compte, par l’histoire même de ce mentalisme, qu’il y a un rapprochement avec l’hypnose : on lit dans la définition que le mentalisme psychologique, en plus de l’observation fine de la personne, utilise une technique nommée : introspection provoquée, ceci afin de déclencher les phénomènes d’intuition qui permettront au thérapeute d’aider la personne… L’introspection provoquée ? Cela ressemble fortement à de l’hypnose ! Preuve, si besoin : Alfred Binet, dont nous avons déjà parlé, le pionnier du mentalisme psychologique s’est formé… en hypnose ! C’était en 1884, auprès du professeur Charcot, neurologue de renommée mondiale et pionnier de l’hypnose thérapeutique, à l’Hôpital de la Salpêtrière de Paris.
Cette formation en hypnose a si fortement marquée Alfred Binet qu’il enseigna sa technique (qu’il nommait donc « introspection provoquée ») à ses propres enfants…
L’hypnose est donc la grand-mère du mentalisme (au sens de « courant de pensée en psychologie »). L’hypnose est d’ailleurs la grand-mère de toutes les psychothérapies, puisque c’est Bernheim, autre pionnier de l’hypnose thérapeutique, qui a créé le mot « psychothérapie » en 1891, pour désigner le traitement de ses patients par le biais de l’hypnose ! Et le mentalisme, dans ses différentes acceptations modernes, découle de tout cela : l’hypnose, la psychothérapie, la PNL.
Conclusion
Tout comme Patrick Jane le dit dans la série « Le Mentaliste », Bastien DiFrance, le mentaliste de Secret Story, explique lui-même qu’il utilise des techniques de PNL et d’hypnose (voir vidéo, ici à 3:00, et article sur son site). Il est très clair que Bastien DiFrance ne parle ni de spectacle, ni de « capacités psi », lorsqu’il utilise le mot « mentalisme », mais bien de sa pratique des techniques d’hypnothérapie et de PNL.
Dans le cadre d’un jeu télévisé comme Secret Story (où le but est de deviner le secret des autres sans que le sien soit découvert), Bastien DiFrance ne pouvait pas utiliser de techniques de spectacle (qu’il connaît aussi, comme bien d’autres personnes dont le mentalisme est le loisir, à titre personnel). Son « secret » aurait alors immédiatement été découvert ! Les effets du mentalisme étant bien trop incroyables et spectaculaires : on aurait tout de suite compris qu’il s’agissait de magie… de « mentalisme » (au sens du spectacle) !
Par exemple, en mentalisme, je peux vous demander de penser fortement à quelqu’un… ensuite, je me mets à vous parler de cette personne : « c’est une femme, n’est-ce pas ?… Oui, elle n’est pas si proche de vous… la famille pourtant… oui, une sorte de cousine… c’est ça ? Bien… Vous ne la voyez pas souvent… Est-ce que ce serait… Aurélie ? » Bingo ! La personne est stupéfaite que j’ai pu parler de quelqu’un que je n’ai jamais vu de ma vie, et en plus donner son prénom… Pourtant, ce n’est pas fini : afin de « faciliter le contact télépathique » entre la personne et moi (c’est du moins ce que je raconte pour justifier ce qui va suivre), je vous ai demandé de serrer fortement mon avant-bras… Ensuite, les pensées me sont (soi-disant) venues, et je vous ai décris votre cousine, jusqu’à même donner son prénom… A ce moment-là, vous avez oublié que vous serriez mon avant-bras. Je vous demande donc de le relâcher doucement et d’observer : sous vos mains, les marques rouges du serrement ont gravé le prénom « Aurélie » dans ma peau !
Stupéfiant, non ? 🙂 Oui, car bien sûr il y a « un truc ». Tout ceci serait impossible à réaliser en hypnose – mais pour celui qui ne connaît pas « le truc », c’est pure magie, seulement explicable par « un don exceptionnel et une maîtrise du corps incroyable ». Pourtant, il y a vraiment un truc !
Un thérapeute ne peut pas réaliser des choses pareilles avec ses patients. D’abord, parce que s’il ne triche pas, ça lui est impossible. Ensuite, s’il utilise une astuce cachée, ce serait absolument anti-déontologique !
Un jour, j’ai montré ce tour à l’un de mes élèves en formation. C’était en petit comité et à sa demande insistante (nous parlions de magie avec un ami magicien, et cet élève avait entendu notre discussion – je pense qu’il ne me croyait pas capable de réaliser ce « miracle »). Quand il a vu le prénom de son amie gravé réellement dans ma peau, son visage a blémi. Il a eu vraiment peur, cela se voyait ! Et il est vite parti loin de moi… Pourtant, nous discutions de « magie », avec un truc donc. Il était prévenu et je lui ai répété après, pour le rassurer. Mais bon, cela n’empêche pas le côté incroyable de la chose, même quand on sait « qu’il y a un truc » ! 🙂
Vous comprenez qu’il faut vraiment tenir éloignés les deux approches, le spectacle et la pratique naturelle et réelle de la psychologie. Faire entrer l’impossible dans la réalité de la personne, hors d’un contexte de spectacle, serait extrêmement malhonnête et possiblement choquant pour la personne !
Ce sont donc bien des techniques d’hypnothérapie et de PNL dont parle Bastien DiFrance : l’observation, l’intuition, le langage non-verbal, etc. Tout ce que l’on étudie en formation en hypnose et PNL, à l’IFHE, et qui lui permettra de réussir (on lui souhaite) dans le jeu. Cela lui confère certains atouts, mais évidemment pas de « super-pouvoirs ». Cela reste dans la limite des possibilités humaines et psychologiques normales.
On a bien compris que le terme de « mentaliste » utilisé à la télévision ne correspond pas à la réalité.
Il dérive de la série télévisée bien connue « Le Mentaliste« , qui est une fiction et découle techniquement de la pratique des hypnothérapeutes, mais sous un autre titre plus populaire et dans un cadre romancé. La pratique des mentalistes de spectacle étant à réserver au monde du spectacle.
J’espère que toutes ces explications vous auront aidé à mieux comprendre les termes « hypnose » et « mentalisme », à savoir faire la différence entre les deux approches, à séparer le vrai du faux, la fiction et la réalité, comme à mieux connaître leurs points communs, que l’on parle de psychologie ou de spectacle.
Si vous voulez découvrir et, pourquoi pas vous former en « mentalisme », le vrai, celui que pratique Patrick Jane ou Bastien DiFrance (pas celui des magiciens avec un truc), alors joignez-vous à nous lors des formations professionnelles en hypnose. Vous apprendrez, dès le premier jour, à réaliser vous-même des « miracles » d’observation et d’intuition. Et vous rencontrerez d’ailleurs peut-être aussi, durant votre formation, des magiciens professionnels qui vous parleront de leur pratique et vous amuseront de leurs démonstrations – mais ils ne vous révèleront jamais leurs « trucs » ! 🙂
Et surtout, en formation à l’hypnose, vous découvrirez une autre façon de vivre votre vie et réaliser vos rêves – en aidant les autres, en plus.
A bientôt !
Olivier Lockert
Hypnothérapeute, formateur international et auteur
Président de l’Institut Français d’Hypnose Ericksonienne